JulieDauge La lutte 7 - Aliénor

7 - Aliénor

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2 commentaires

Roumet Sébastien

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Il y a 6 jours

Le septième chapitre s’offre à nous comme l’une de ces séquences liminaires où l’héroïne, encore vacillante, se tient au seuil du monde qu’elle s’apprête à gouverner — et l’autrice, avec une finesse rare, s’amuse à mêler le tragique, le dérisoire et le bureaucratique dans une harmonie d’un goût délicieusement douteux, mais parfaitement assumé. La nuit tourmentée d’Aliénor, décrite avec une verve comique presque rabelaisienne, pose dès les premières lignes un contraste savoureux : à la majesté du rôle qui l’attend répond la trivialité d’un corps épuisé, d’un esprit bondissant « comme un gamin bourré de bonbons » et d’une lassitude que ne renierait pas un personnage flaubertien. Ce décalage, loin d’affaiblir la gravité de la situation, en accentue au contraire le relief : l’héroïne n’est pas une statue de marbre, mais une jeune femme en lutte contre les affres prosaïques de la veille d’une prise de fonction historique. L’arrivée au port constitue le sommet symbolique de ce chapitre. La description du GPMM — véritable monstre d’acier, labyrinthe de conteneurs, cathédrale d’acier et de rouille — confère au lieu une majesté inquiétante, presque lovecraftienne. Les grues sont comparées à des girafes mécaniques, les cargos deviennent des colosses fatigués ; tout semble conspirer à écraser l’échelle humaine, et par là même à exalter la ténacité d’Aliénor. Qu’on ne s’y trompe pas : derrière cette fresque industrielle se profile une allégorie limpide du pouvoir moderne, fait de structures inhumaines que l’humain doit pourtant apprivoiser. La scène de l’interphone, quant à elle, constitue une véritable vignette sociologique. Le gardien, invisible mais extraordinairement présent, offre une réplique cinglante qui résume à elle seule la défiance instinctive que suscite toute figure d’autorité parachutée dans un univers où l’ancienneté fait loi. On croirait assister à un duel aristophanesque entre la verticalité institutionnelle et la rugosité du terrain. Et déjà, l’on sent poindre ce qui sera certainement un motif récurrent : la conquête de la légitimité ne passera jamais par les titres, mais par l’épreuve. Plus subtile encore est la scène du parking : cette Clio vétuste, posée sans vergogne sur la place de la directrice, devient un symbole d’une ironie mordante. Elle matérialise à la fois la résistance passive d’un monde rétif au changement et la nécessité, pour l’héroïne, de trouver son propre espace — parfois littéralement — dans une organisation saturée. Ce n’est pas un simple contretemps logistique : c’est une métaphore de la conquête d’un territoire encore hostile. Enfin, l’apparition du trio de collaborateurs, raides comme des piquets, immobiles sur le seuil du bâtiment administratif, confère à la scène une solennité presque liturgique. Ce sont les gardiens du temple, les figures du protocole, les témoins silencieux d’un passage de seuil. Aliénor, attaché-case en main, avance vers eux comme on avance vers son propre destin — avec la dignité crispée de ceux qui savent que l’Histoire commence parfois par une poignée de mains embarrassée. Ainsi, ce chapitre 7 se distingue par sa capacité à mêler l’épique et le trivial, l’institutionnel et le comique, dans un ensemble étonnamment cohérent. On y voit naître, sous le vernis de l’appréhension, la première manifestation d’un courage tranquille — celui qui précède non pas la victoire, mais l’entrée dans l’arène.

liaflandey

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Il y a 9 jours

Un chapitre immersif en terme de descriptions. Elles sont bien dosés et nous plongent dans le décor laboral d’Ali. Reste à savoir si elle est la bienvenue ? Être une femme va-t-il être un obstacle ? Car oui, les préjugés et principes du patriarcat ont la dent dure. C’est pour cette raison que j’aime les héroïnes qui démontrent que la femme n’a rien à envier à l’homme. Finalement, main dans la main… ça reste un duo 😜