On savait déjà la relation tumultueuse qu’elle avait avec son père avec la façon dont elle parlait de lui avant, mais voir leur échange pas vraiment fait grimacer… j’ignore s’il est juste comme ça par nature, ou s’il a vraiment quelque chose contre sa propre fille 😅
liaflandey
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Il y a 9 jours
Bien la fierté l’emporte ! 🤣
Je sens la catastrophe arriver. Eh bien, allons-y !
Roumet Sébastien
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Il y a 11 jours
Le quatrième chapitre s’ouvre comme une lente plongée dans une angoisse d’autant plus saisissante qu’elle se construit dans la continuité du courage affiché précédemment : l’héroïne, désormais livrée à elle-même et à la froideur clinique d’un document administratif, se retrouve confrontée à la matérialité de son destin. Ce n’est plus l’annonce qui la saisit, mais la prose impitoyable d’une fiche de poste qui tient à la fois de la prophétie funeste et du formulaire bureaucratique. L’effet en est saisissant : la tragédie s’habille d’un ton parfaitement administratif, ce qui, pour le lecteur attentif, confère au passage une ironie d’une rare subtilité.
On admirera l’art avec lequel l’autrice orchestre la gradation du désarroi d’Aliénor. Chaque nouvelle ligne du document semble la faire descendre d’un palier dans une spirale de désillusion — jusqu’à ce que la corruption, les trafics, les tensions syndicales et les infiltrations logistiques composent un tableau qu’on croirait exhumé d’un rapport d’enquête confidentiel. Cette accumulation quasi baroque de périls donne au port de Marseille une aura de citadelle assiégée, et à l’héroïne le rôle d’une Jeanne d’Arc administrative propulsée malgré elle dans la mêlée.
La séquence domestique, en contrepoint, se révèle d’une acuité psychologique remarquable. Le passage chez les parents fonctionne comme une mise en scène miniature de toutes les forces sociales qui cherchent à modeler Aliénor — la mère dont la fierté se mesure à la résistance du tailleur Chanel, le père pour qui les émotions ne valent jamais la peine de lever un sourcil, et qui manie l’indifférence comme d’autres un scalpel. L’on voit ici s’élaborer, sous nos yeux, la topographie intime d’une héroïne façonnée par le mépris feutré et l’attente froide : un terrain propice à la naissance d’une détermination farouche.
Il faut souligner la noblesse du retournement final : loin de céder à la panique que le lecteur lui-même commence à ressentir, Aliénor s’arme soudain d’un courage presque insolent. Qu’elle proclame — avec une désinvolture admirablement feinte — qu’elle est « ravie » de cette nomination a quelque chose du sublime paradoxal : c’est là moins une affirmation que l’acte inaugural de sa métamorphose. Elle embrasse son destin précisément parce qu’il lui répugne, comme si l’aversion devenait moteur.
Ainsi, ce chapitre, d’un apparent naturalisme, s’impose en réalité comme un petit traité de l’indépendance intérieure. Sous le vernis des échanges familiaux et la froideur des injonctions administratives, l’on sent vibrer la naissance d’une volonté qui refuse d’être brisée — et c’est cette tension, à la fois discrète et palpitante, qui donne à cette section sa force la plus profonde.
5 commentaires
Elina_kever
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Il y a 11 heures
liaflandey
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Il y a 9 jours
Roumet Sébastien
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Il y a 11 jours