Heureusement que c'est une bonne amie

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Bonjour Lydia Perez! Nous te remercions pour ta participation au concours Murmures et te félicitons pour ton excellent classement dans le concours ! J’ai lu tes premiers chapitres et je t’en fais un retour. 😊

Ta plume présente déjà de très belles qualités. Ton vocabulaire est riche et précis, et tu sais l’utiliser avec justesse pour donner de l’ampleur à tes phrases. Tu retranscris particulièrement bien la voix et la façon de penser de Julian : le lecteur sent la spontanéité et l’énergie propres à un adolescent, ce qui donne beaucoup de crédibilité à ton récit. Cette maîtrise du point de vue est un atout précieux, car elle permet au lecteur de s’immerger dans la tête du personnage et de percevoir le monde à travers son filtre personnel. C’est un aspect qu’il faudra absolument préserver tout au long de l’histoire !

Cela dit, pour que cette efficacité narrative s’exprime pleinement, il serait bénéfique d’alléger certains procédés qui ralentissent ou alourdissent la lecture. Par exemple, l’utilisation très fréquente des points de suspension peut casser le rythme et créer une impression de coupure trop régulière dans le flux du texte. Bien qu’ils soient très utiles pour traduire l’hésitation, la suspension d’une pensée ou une ambiance particulière, ils perdent de leur effet lorsqu’ils deviennent trop présents. En les réduisant, tu préserveras la fluidité et la tension de ton récit. Dans le même ordre d’idée, l’usage des majuscules au milieu de la narration pour appuyer certains termes donne parfois une tonalité plus agressive qu’émotive. L’italique est souvent plus adaptée, car elle attire l’œil sans briser la continuité visuelle et permet de créer une nuance plus subtile dans l’insistance. :)

Sur le plan narratif, il serait aussi bénéfique de retravailler le dosage des descriptions. Le début, par exemple, met du temps à se mettre en place car tu détailles longuement chaque aspect du lieu de vacances. Bien que ces précisions créent une atmosphère, elles peuvent ralentir l’accroche initiale. Un bon compromis serait de condenser certaines informations et de les répartir plus tard dans le récit, via les actions, les dialogues ou même les émotions des personnages. Cela éviterait l’effet “bloc descriptif” et donnerait une dynamique plus progressive à ton univers.

Ainsi, un autre point important concerne la gestion du “show” et du “tell” dans ta narration. À plusieurs reprises, on découvre une information par le biais d’un dialogue, puis elle est réexpliquée dans la narration interne, ce qui crée un effet de redondance. Cette répétition ralentit l’avancée de l’intrigue et donne un aspect trop explicatif au texte. En limitant ces reformulations et en faisant davantage confiance au lecteur pour comprendre les sous-entendus, tu renforcerais la vivacité et l’impact de ton écriture. Cela concerne également certains dialogues où la ponctuation, notamment les “???” ou “?!!!!”, prend le dessus. Ce type d’insistance visuelle gagnerait à être remplacé par des verbes introducteurs plus expressifs ou par de petites actions intercalées dans la réplique, comme un soupir, un geste nerveux ou un regard appuyé, qui traduiraient tout autant l’émotion. Pour t’éclairer davantage, je t’encourage à lire notre article « Les verbes introducteurs de parole et la gestion des dialogues » (https://www.fyctia.com/blog/articles/1160).

Je pense que tes dialogues gagneraient également en naturel si tu limitais les détails trop nombreux insérés entre deux prises de parole. Il peut être intéressant de distiller les indications gestuelles ou émotionnelles, mais lorsqu’elles sont trop systématiques, elles brisent le rythme et empêchent le lecteur de “voir” la scène se dérouler avec spontanéité. L’ajout de pauses naturelles, d’hésitations réalistes ou de micro événements entre les phrases peut rendre l’échange plus fluide et immersif. Dans ce même registre, les dialogues d’exposition mériteraient également un petit ajustement. Parfois, on sent que les personnages “placent” volontairement des informations pour le lecteur, ce qui nuit à leur spontanéité. Essaye de faire passer ces éléments de contexte de façon plus organique, au détour d’une dispute, d’une maladresse ou d’une remarque ironique, par exemple (inspire toi de la vie de tous les jours ! ;)). De même, les appellations comme “mon futur mari” ou “ma future femme” peuvent sembler artificielles à l’oral et gagneraient à être remplacées par des formules plus naturelles. Concernant le ton et certaines formulations, il peut être pertinent de repenser certains passages qui, comme “Girl’s power ! Je profite de ma cop’s avant d’être mariée” ou “Lorsque nous arrivons au bar, toutes les têtes se tournent vers nous, comme dans les westerns, quand l’ennemi numéro un franchi les portes battantes”, risquent de paraître exagérés ou de sortir le lecteur de l’histoire. Si l’intention est humoristique ou décalée, veille à ce qu’elle s’intègre harmonieusement au ton global du récit. ;)

Par ailleurs, je pense que la scène du viol conjugal pourrait gagner en intensité émotionnelle en accentuant les sensations et réactions internes de Raphaëlle, (colère, dégoût, tristesse, incompréhension…), afin de faire ressentir pleinement la violence de l’instant. Il s’agit d’un moment fort de ton histoire, un instant décisif et sensible pour de nombreux lecteurs, lui donner plus de voix et l’intégrer de façon plus juste serait un plus pour le bon déroulement de ton intrigue.

Enfin, sur le fond, l’intrigue avance pour l’instant assez lentement et certaines parties, comme les souvenirs de lycée de Julian, pourraient être intégrées de façon plus adaptée. On peine à comprendre leur rôle exact dans l’histoire et ce qu’ils apportent à la tension narrative. Leur utilité sera renforcée si leur lien avec la trame principale est clarifié ou si tu les charges d’un enjeu plus immédiat. Un dernier point concerne la sexualité adolescente : il est intéressant que tu explores la découverte de soi et du désir, mais certaines formulations sont très explicites, presque adultes, et dénotent avec l’âge du personnage. En trouvant un ton plus en adéquation avec un adolescent, tu préserveras la crédibilité de la scène tout en conservant son intensité. Par exemple, “J’adore danser avec toi, surtout quand tu te frottes contre moi, ça m’excite trop. Ou alors, je vais me contenter de te regarder te déhancher toute seule, comme si tu faisais l’amour à la musique, car j’ai la certitude que tu sais que je te regarde et que tu ne danses rien que pour moi. Tu es tellement bandante que je pourrais passer des heures à t’admirer te trémousser avant de devenir fou et de te traîner dans un coin pour te faire l’amour.” est un discours peu adapté pour un adolescent de première.