{"ops":[{"insert":"Josiah était mortifié. Devant le doux brun, il avait toujours tenu à ne pas montrer ses pires défauts, ou ses maladresses, qui le rendaient plus accessible. \nEt il n'avait pas fait le lien entre la gentille Jeanne Vallier et Loïs Vallier, malgré le nom en commun. C'était peut-être un patronyme très courant en France, mais ils n'habitaient pas dans une grande ville, et il ne devait y avoir un million de personnes possédant ce nom de famille. \nIl se frappa intérieurement, restant figé, tellement surpris qu'il ne parvenait même pas à ouvrir la bouche pour sortir une excuse bidon. \n\nSemblant de pas se rendre compte du malaise ambiant, la psychanalyste se dirigea vers son fils et le serra dans ses bras. Celui-ci lui rendit son étreinte sans se préoccuper de leur invité. \n\n —Vous faisiez quoi ? T'as dévasté la cuisine Mutti. \n\nLa femme sourit mais resserra l'emprise de ses bras autour du jeune homme, qui reconnu la menace silencieuse et ferma sa bouche presque automatiquement. \n\n—Il n'y avait plus de yaourts dans le frigo, et ta mère aurait piqué une jolie crise de nerfs si elle n'en avait pas eu. J'ai donc ramené Josiah à la maison pour qu'il m'aide à les faire et pour mener la consultation quand même. Et il est un excellent cuisinier, tu savais ?\n\nLoïs rit en imaginant Laure rentrer et se rendre compte que son petit réconfort était absent. Toutes les pièces de leur habitation auraient résonné de ses plaintes et de ses reproches. Elle n'était jamais de très bonne humeur juste après le travail. \nIl grimaça à cette pensée. \n\n— Vous avez bien fait. Mes tympans souffrent encore à cause de la dernière fois. Mais... Le gâteau ? En quel honneur ? \n\nJeanne posa sa main sur l'épaule de Josiah en un geste très maternel qui sembla enfin secouer le jeune homme et le sortir de sa torpeur. \n\n— C'est Josiah qui a eu l'idée ! Il a trouvé tous les ingrédients et ma empêché de provoquer la Ragnarok¹ en avance ! \n\nLe blond tordit ses mains, il paraissait tellement gêné que Loïs eu presque pitié de lui. \nMais Jeanne lança un magnifique sourire qui détendit totalement l'invité, et son corps fini par se relâcher. "},{"attributes":{"italic":true},"insert":"Tu as le droit d'être là"},{"insert":". C'est ce que disait son expression. \n\nLoïs s'approcha du gâteau avec méfiance. Sa Mutti n'arrivait à les faire que quand on lui mâchait tout le boulot ou que c'était une poudre. La dernière fois qu'elle avait essayé d'en faire un d'elle-même, elle avait brûlé la casserole, cassé un assiette, réduit le gâteau en cendres et tordu deux couteaux. Elle était bien trop maladroite, c'était donc souvent Laure ou Loïs qui faisaient la cuisine. Pendant qu'elle lisait tranquillement. Vive le partage des tâches. \nMéfiant, il se coupa une part et l'observa avec une mine circonspecte. Il tenait à la vie, et mourir empoisonné par un gâteau raté ne sonnait pas très bien sur une tombe. \nIl ressemblait à quelque chose de mangeable. Il prit son temps, observant le bout sous toutes ses coutures, et ne se décida à attraper un morceau avec les dents que quand il entendit le soupir de sa mère. Sa réaction ne se fit pas attendre. \n\n— Mais c'est trop délicieux !!! Josiah, tu es un génie !!! Comment t'as fait pour réussir à faire quelque chose qui ne tue pas avec ma mère à tes côtés ?! Ça tient presque du miracle !!!! \n\nLoïs sortit de sa brume de bonheur dûe au sucre, il aimait beaucoup trop ça pour son propre bien, quand il vit les yeux noirs se plisser d'amusement et entendit un petit gloussement s'échapper d'entre les lèvres tellement sérieuses. \nLoïs regarda son interlocuteur avec tant de surprise que Josiah se referma comme une moule timide. \n\nEn apercevant sa réaction, le brun se mordit la lèvre inférieure, la manière qu'il avait eu de le fixer ainsi était très impolie et tellement vexante. Il jeta un coup d'oeil à sa mère qui lui lança un de ses regards noirs dont elle avait le secret. \nIl se retourna vers Josiah, honteux. \n\n— Je suis désolé. \n\nLe blond s'adoucit, sûrement amusé et attendri par le remords qui s'entendait très clairement dans la voix du brun. \n\nPourtant, le froncement de sourcil de Jeanne s'accentua. Elle lui envoya un message clair et net, et pourtant silencieux. "},{"attributes":{"italic":true},"insert":"Va t'excuser, en privé, et pas parce que je te l'ai demandé, jeune homme ! "},{"insert":"\nElle n'était vraiment pas fière de lui. \n\nLoïs attrapa le poignet du jeune homme et l'entraîna dans une autre pièce, pour essayer de se faire pardonner vraiment sincèrement, de son propre choix. Il manqua presque de s'incliner devant le brun. Il fallait vraiment qu'il arrête les animes et mangas. \n\n— Je suis vraiment, sincèrement, désolé. \n\n— Pourquoi ? \n\nLoïs se rendit compte que c'était la première fois qu'il entendait la voix du joli jeune homme. Elle était aussi froide qu'il l'avait imaginé, mais elle était vraiment belle, douce et avec des intonations qui n'appartenaient qu'à lui. \n\n— Tu ne sais pas pourquoi tu t'excuses ? Ne le fais pas alors, tu gaspilles ton temps et ta salive. \n\nLa phrase vexa tellement le brun qu'il voulu lui rendre la pareille et même le blesser. \n\n— Et toi alors ? Pourquoi tu consultes ma mère en secret ? Tu manques pas d'argent pourtant, papa-maman peuvent pas payer ? \n\nLa réaction fut bien pire que ce à quoi il s'attendait. \n\n— Si mes parents apprennent que je vois un psy, il me foutront droit à la porte. Ce n'est pas parce que je suis riche que je n'ai pas de problèmes. Tu connais l'expression '"},{"attributes":{"bold":true},"insert":"l'argent ne fait pas le bonheur"},{"insert":"' ? \n\nLe visage de Josiah était tordu de rage et il tourna rapidement les talons une fois qu'il eût répondu. \n\nLe bouclé entendit comme dans un brouillard la voix de sa mère et du blond qui la remerciait avant de partir. \nIl se répugnait. Lui qui avait toujours pensé qu'il n'avait pas de préjugés en avait énormément. Il ne valait pas mieux que les mecs qui gueulaient que les femmes étaient faibles. \n\nIl alla dans la cuisine. Sa mère l'attendait de pied ferme, et dès qu'elle l'aperçut, son expression se durcit. \n\n— Loïs Engel Jakob Hoffer !!! Je peux savoir ce que tu as fait ?! \n\nElle prononça son nom de naissance, ce qui traduisait sa fureur. Loïs détestait ça, ça lui rappelait qu'il n'était pas le fils véritable de ses mères. Et ça lui brisait le coeur.\nCela fit que quand il expliqua tout, ses lèvres tremblaient, ses mots se brisaient et il était au bord des larmes. Pourtant sa mère n'esquissa même pas un mouvement vers lui. \n\nMalgré tout la voix de la femme s'était adoucie quand elle répondit. \n\n—Il faut que je te le dises combien de fois ? Ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qu'on te fasse. \n\n— J'irais lui parler. \n\nMême si sa mère ne lui avait pas crié dessus, Loïs aurai pris la même décision. Le lendemain, il allait apprendre à connaître Josiah et briser ses préjugés. \n\n<*><*><*><*><*><*><*><*><*><*>\n\n¹ Ragnarok : Fin du monde dans la mythologie nordique. \n"}]}

Chapitre 5