Quoi de plus effrayant pour une femme que d’être accusée de sorcellerie ? En particulier quand elle s’y attend le moins ! Il lui faut pourtant encore se justifier et prouver son innocence. Et si on questionnait ces femmes ? Comment suscitent-elles assez de haine pour qu’on leur édifie des bûchers ? Pour qu’on désire les réduire en cendres ? Car enfin, il n’y a pas de fumée sans feu ! De quoi se rendent-elles coupables ? Le savent-elles ? Allons, allons, rien ne presse, posons nos instruments de torture et nos cisailles, elles perdront leurs langues bien assez vite. Avant cela, je veux les entendre, je veux comprendre. Pour l’amour de Dieu, qu’elles parlent ! Qui sont-elles ? Qui sommes-nous ? Et moi, qui suis-je ? Moi que la question captive, moi qui perçois leurs voix sourdes venues d’ici et d’ailleurs, moi qui trace avec frénésie leurs paroles de la plume… Moi, l’écrivaine, la femme qui ose écrire, qui ose chercher la vérité, qui ose interroger l’ordre établi, suis-je coupable d’acte de sorcellerie ?