Je m’appelle Aveline Rizzo. J'ai 26 ans. Je suis journaliste chez Ciné Actu. Je passe mes journées à interroger des gens qu’on croit connaître. Des visages en haute définition, des voix calibrées pour le tapis rouge. Et moi, derrière mon micro, je cherche encore comment on fait pour exister sans projecteurs. Quand j’étais petite, je voulais être actrice. J’adorais la lumière, les répliques apprises trop fort, les histoires qui durent juste le temps d’un plan. Mais un soir, la vie a décidé de couper la scène avant la fin. Une voiture. Le bruit. Le noir. Six mois plus tard, je me suis réveillée dans un corps qui ne répondait plus. Alors j’ai changé de place : si je ne pouvais plus être filmée, j’allais observer ceux qui le sont. Et c’est comme ça qu’un jour, mon rédacteur en chef m’annonce que j’ai décroché l’interview. Archie Power. L’acteur le plus en vue, et le plus détesté du moment. Un scandale, des rumeurs, des excuses publiques… L’Amérique adore ses chutes. Je me dis que c’est ma chance. Un portrait vrai, humain. Quelque chose qui compte. Mais quand je le rencontre, il me coupe avant même que je pose ma première question : — Une seule par jour. — Pardon ? — Une seule question. Par jour. Tu la choisis bien. Je crois qu’il plaisante. Il ne plaisante jamais. Alors j’accepte. Parce que c’est ça, le deal : une question par jour, pendant quarante jours. Et à chaque fois, une réponse qui ne répond pas vraiment.