New Romance

uti v zor

New Romance uti v zor D'un jeudi de janvier à un mardi de mars

D'un jeudi de janvier à un mardi de mars

Peut-être qu’un jour tu raconteras notre histoire, m’as-tu dit, plus tard. Et si j’oublie ? Tu as le temps, m’as-tu rassuré. Regarde, regarde cette feuille, ces feuilles, ce crayon qui s’active. C’est notre histoire. C’est toi qui m’a conté tout ça. Toi qui me l’a inspiré. Tu es là. Tu es au milieu de tous ces mots. Tu es là, l’acteur principal. Nous partageons à deux l’affiche. C’est notre rencontre qui a fait naître cette histoire. Elle coule sur les pages. Elle s’exprime. Elle revit. Elle nous revoit sur le trottoir, près de la Lee. Elle nous voit nous arracher l’un à l’autre. Elle te voit me raccompagner à l’arrêt de bus, m’embrasser, me dire : « We keep in touch ». Alors nous rentrons, chacun de notre côté. Penseras-tu à moi ? Je préfère penser que oui, un peu. Cork (littéralement bouchon en anglais, je n’y peux rien) pour moi, sera toujours un peu toi. Sans toi, les rues m’ont parues vides. Pour l’instant, elles sont toujours grouillantes d’activités. Elles fourmillent. C’est le paradis. Ou presque. Non, je l’avoue, Cork, c’était le paradis. Un paradis un peu décevant aussi. Je suis honnête, sinon je peux reposer mon crayon. J’étais perdue entre l’espoir, la félicité, le bonheur, la nouveauté. Ils se mêlaient. Ils se confrontaient. Je suis dans ton passé mais, je fais partie de ton histoire. Imagine, repense à ce hasard. Nous retrouver tous les deux au même endroit, au même moment, et décider de faire un petit bout de chemin à deux. Quel hasard. Tout aurait pu être si différent. Mais regarde. Regarde-nous. Regarde nous au passé. Au présent, encore. Je me souviens. Je ne me souviens plus. Tu ne vas pas m’aider. Tu es là-bas, perdu au milieu des italiens et envahit par les pâtes. Cruel destin. Non, je trouve que tu es chanceux. Mais qu’est-ce que la chance ? Le soleil. Les beaux italiens. Le soleil. Les bons plats. Le soleil. les beaux italiens. Pour résumer grossièrement. Cruel destin disais-je. Il joue avec les hommes. Il les manie, les déçoit, les fait se rencontrer pour mieux les séparer, les persuade qu’il est mieux d’oublier. Et toi ? Cruel, toi aussi. La faculté de t’insinuer dans l’être, de l’envahir, d’en aspirer l’espoir, le tordre et le rendre vide. L’espoir ne tient plus à rien. Il meurt. Il implose. Il se désagrège. J’aimerais y retourner. Commencer quelque chose de nouveau. Avec toi, recommencer. C’était un entraînement, un échauffement, le brouillon d’une histoire. C’était trop court. Reviens-moi. Les souvenirs, lorsque l’on s’y penche de trop peuvent être fatals. Je les remue, les retourne dans tous les sens, vigoureusement, nostalgiquement, affectueusement, ils me font mal. Puissants, magnifiques et douloureux. Éphémères et inoubliables. Maintenant, écrits, ils le seront. Mes souvenirs. Mon italien pour quelques instants. Ce qu’il en reste émerge dans ces lignes. Ma version est là. En te souhaitant le meilleur, comme toujours, je te proclame le destinataire de cette histoire.