{"ops":[{"insert":" LES OMBRES DE MAX\n\n\nMax Cooper n'était pas qu'un homme charismatique et sûr de lui. Derrière ses sourires éclatants et ses blagues faciles se cachait une réalité plus complexe, que peu de gens prenaient le temps d’explorer. Il vivait dans un petit appartement au-dessus d’une salle de sport qu’il fréquentait régulièrement, histoire de maintenir cette allure athlétique qui, selon lui, faisait partie de son \"arme secrète.\" Mais ce n’était pas uniquement pour le plaisir. Le sport était devenu une échappatoire, un moyen d’oublier les tensions de sa vie quotidienne. Il travaillait comme photographe indépendant. Son talent pour capturer les émotions dans une simple image lui avait permis de décrocher des contrats intéressants, mais il peinait à se stabiliser financièrement. Cette précarité le poussait parfois à accepter des missions qu’il n’aimait pas, comme des shootings commerciaux dépourvus de créativité.\nSes ambitions ? Devenir un photographe de renom, voyager à travers le monde, immortaliser des moments authentiques. Mais le chemin semblait encore long, et cette incertitude rongeait son assurance.\nCe jour-là, après une séance photo en extérieur pour un couple, Max s’était arrêté au parc, appareil à la main. Il aimait s’asseoir sur ce vieux banc, observer les passants, et capturer des instants volés. Un enfant qui riait aux éclats en courant après un papillon. Une vieille dame qui nourrissait les oiseaux avec tendresse. Pour Max, ces clichés représentaient la vie réelle, celle qu’il rêvait de photographier. Mais au fond de lui, il savait qu’il ne prenait pas autant de risques qu’il le voulait. La peur de l’échec le retenait, tout comme cette solitude qu’il n’avouait à personne.\n\nDe retour chez lui ce soir-là, il ouvrit son ordinateur et parcourut son portfolio. Parmi les visages figés dans le temps, celui d’Elena apparut. Une photo qu’il avait prise lors de leur sortie à la plage. Son rire éclatant, ses cheveux éparpillés par le vent... Un portrait lumineux, presque intime. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Mais ce sourire fut vite balayé par une pensée qu’il n’osait pas affronter : Pourquoi cette fille hante-t-elle mes pensées plus qu’elle ne le devrait ?\n\nMax commençait sa journée comme il le faisait toujours : avec un café noir, une playlist jazzy en fond sonore, et son appareil photo posé sur la table. Aujourd’hui, il avait une mission importante : photographier une série de clichés pour un magazine local qui mettait en valeur les jeunes entrepreneurs de la ville. Il avait accepté cette mission avec enthousiasme, non seulement parce qu’elle payait bien, mais aussi parce qu’elle le rapprochait de ce qu’il aimait vraiment : raconter des histoires à travers ses photos. Le shooting se déroulait dans un petit atelier de céramique, où une jeune artiste dévoilait son univers. Max se mit rapidement au travail, ajustant l’éclairage, guidant la femme pour qu’elle soit à l’aise devant l’objectif.\n\n<< C’est incroyable ce que vous faites, dit-il en prenant un cliché. Ces détails… on sent que chaque pièce a une âme. >>\n\nL’artiste rougit, flattée.\n<< Merci. Et vous, vous arrivez à capturer cette âme. C’est rare. >>\n\nMax sourit, un peu gêné. Ce genre de compliments le touchait toujours plus qu’il ne voulait l’admettre. Une fois le shooting terminé, il rangea son matériel et reçut un appel de Julian, son meilleur ami depuis le lycée.\n\n— T’es où ? demanda Julian avec son énergie habituelle. Je passe te chercher, on va déjeuner.\n— Toujours aussi direct, Julian, répondit Max en riant. Je sors d’un shoot, viens me chercher au centre-ville.\n\nQuelques minutes plus tard, Julian arriva dans sa voiture, un large sourire sur le visage. Contrairement à Max, Julian était tout sauf discret. Avec son style extravagant et son franc-parler, il avait toujours été le contraire de Max, mais c’était peut-être ce qui faisait leur force.\n\n— Alors, le grand photographe, t’as encore fait des miracles ? demanda Julian en démarrant.\n—A J’essaie, répondit Max. Et toi ? Comment ça se passe au boulot ?\n\nJulian travaillait dans l’événementiel, un domaine où il excellait grâce à son sens du relationnel. Mais aujourd’hui, il semblait plus intéressé par la vie de Max que par sa propre carrière.\n\n— J’ai vu ton dernier post Insta, dit-il. Les photos de la plage. Elles étaient incroyables.\n— Merci, répondit Max, un peu embarrassé.\n\nMais Julian n’était pas du genre à laisser passer une occasion de titiller son ami. \n\n<< C’était pas juste les photos, hein ? Elena était là, non ? >>\n\nMax grogna.\n— Je savais que t’allais ramener ça.\n— Évidemment. Alors ? C’est quoi l’histoire avec cette fille ?\n\nMax haussa les épaules, évitant le regard insistant de son ami.\n\n<< C’est… compliqué. >>\n\nJulian leva les yeux au ciel.\n<< Ça l’est toujours avec toi. Mais mec, sérieux, arrête de tout analyser. Si elle te plaît, fonce. >>\n\nIls s’arrêtèrent dans une petite cantine où ils avaient l’habitude de déjeuner. Assis face à Julian, Max réalisa à quel point son ami connaissait ses moindres pensées. Julian était l’une des rares personnes avec qui il pouvait être entièrement lui-même.\n\n<< Tu sais, reprit Julian en mangeant, t’as toujours eu un don pour voir le monde d’une manière que personne d’autre ne peut. Mais parfois, il faut aussi vivre le moment, pas juste l’immortaliser dans une photo. >>\n\nCes mots touchèrent Max plus qu’il ne l’avoua. Peut-être que Julian avait raison. Peut-être qu’il était temps d’arrêter de se cacher derrière son appareil et de commencer à vivre.\n\n\n\n\n\n\n\n\n"}]}

Chapitre 16