Michbonj 1ere traversée de Noël en solitaires De François à Alphonse

De François à Alphonse

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3 commentaires

Gottesmann Pascal

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Il y a 3 ans

L'ambiance de la soirée semble formidablement chaleureuse. La description imagée des repas nous renvoie chez Audiard ou Frédéric Dard. Je veux juste lire le passage de la bible en argot, ça doit être quelque chose.

Michbonj

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Il y a 3 ans

Je vais essayer de te retrouver ça.

Michbonj

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Il y a 3 ans

Î La BIBLE de Michel Bonjour Chapitre 1 AU COMMENCEMENT le Vioque, notre Vénéré Daron goupilla la Terre et les Cieux. À l’époque, la Terre, qui se baguenaudait tristement dans les Ténèbres comme un morbac dans le figne à Totor, épousait pas encore c’te belle rondeur qui, par la suite, créa tant d’emmouscaillures à c’te pauvre Galilée, l’inventeur de l’étourdissement. Non, la Terre prenait plutôt la forme d’un bigoudi chantourné plein de précipices à pas mettre un nougat devant l’autre, surtout que la lancequine débordait partout, et qu’on aurait pataugé dans la bouillasse jusqu’à l’enlisement complet. Notre Vénéré Daron se bonnit à sa Grandeur : - Bigre, on y voit que dale, icigo ! C’est pas marrant. J’te vas cloquer une calebombe au-dessus de ma création pour éclairer tout ça. Que le grand Lumignon soit ! Et le grand Lumignon fût. Ainsi notre Vénéré Daron donna au Lumignon le blaze de jourdé, aux Ténèbres le blaze de noille. Ainsi il y eut le borgnon et le mataguin, et ce fut la première journaille. « J’veux qu’ça tourne rond, misère à poil ! », se fit notre Vénéré Daron. Alors il harpigna la Terre, et de ses pognes formidables il la pétrissit et l’arrondissit en forme de boule. Puis, comme il pouvait pas renifler les marécages, il fila le sirop de pébroque dans une cuve spé- ciale, ce qui assécha immédiatement la partie de la Terre destinée aux vadrouilles à griffes. Et c’est ainsi qu’il appela le sec : bouze, et l’humide : la grande tasse. Et ce fut la deuxième journaille. A la troisième journaille, notre Vénéré Daron qui se sentait très fier de sa petite oeuvrette, fit joujou au jardinier, et repiqua des scaroles à la surface de la bouze, sema du plan de chou-rave, et greffa des gratte-culs, des artichautiers, des amandiers, des limonadiers, des oliviers, des chênes fraisiers et des tilleuls-menthe. Pour le borgnon, il accrocha une calebombe plus modeste quoiqu’assez coquinette : la Lune. C’était une assez jolie souris, un peu palotte, mais joufflue, un peu fendue en son mitan et très portée sur la rigolade. Elle se voilait, mais pas toujours, la chère mignonne. Le grand Architectemuche se bonnit : - Comaco, ça fait plus gai, mais c’est pas encore ça, alors il se rapa un peu le cigare d’où se décarra une limaille lumineuse : les étoiles. Et ce fut la quatrième journaille. 2 texte original par Miche Bonjour 3 texte original par Miche Bonjour Le lendemain, à l’aube, quand la dernière étoile eut fini de cligner dans le plafond de velours, no- tre Vénéré Daron se poila d’une façon si phéno que les roses, qu’il avait plantées un peu partout pour faire plus chouette, frissonnèrent en laissant échapper des larmes pures de leur cœur tendre, et ce fut la première rosée. Il continuait de se fendre la pipe en se bonnissant : « Non, qu’avais-je dans le citron, j’allais oubli- er les bestioles ! Allez, hop, à l’écurie, au terrier, à la rivière, au nid, au gîte, au clapier, à la cage, à la niche, à la fourrière, au Paddock à Juju ! Allez hop et qu’ça bardoche, et qu’ça pétoche ! » Et de ses fourchettes fantastiques se taillèrent des jolis colibris verts et roses qui dégustèrent aussitôt toutes les cerises du verger, et des mésanges au battant doux qui voletaient, légères, de l’aubépine à la fougère, et le gobe-mouches rapide et hygiénique, l’inventeur du fly-tox, la cigale guincheuse et un chouïa radeuse, la fourmi boulo mais radin, le tamanoir avec son tarbouif en fer à souder, l’arnaqueuse pie et la fragile pie-panthère, le roitelet mignard, la belle jument per- cheronne, au pétrus rondelet mais un peu louiseur, la punaise protectrice des foyers, le coucou et ses pépées d’amour, le crapaud qui joue de la flûte, le viticul galvaudeur, le zèbre avec son alpague en touches de piano, l’impudique gerboise, le cochon, la cochonne et leurs cochonnets, le bouc avec sa bonne odeur de frometon et ses joyeuses de probloc, la galline et le demi-pin- tadon, le ouah-ouah à nonoss’ et le cador à susucre, le greffier quimpeur au chasse d’émeraude, le boa musico, l’empédoncratyl et le bichonet vivipare, le rat palmiste, le cannepetière, l’outarde, la colichemarde aux doudounes sucrées, et l’abeille qui ronronne en distribuant sa confiture, et des scarabées, des éléphants, des libellules, des lions, des vers qui tissaient des robes et des aragnes encore frileusement enveloppées dans leurs cotonnades. Le lapin se mit à claper le carré de choux et les mulots à croûter les fraisiers, l’écureuil qui avait pas encore l’habitude de sauter chuta sur un gaille furaxe qui lui ballotta un grand coup de fumeron dans le quart de brie, pen- dant que le singe se tapait toutes les noisettes. Lorsque le Vénéré Daron eut créé la coccinelle, il la bigla en la gardant dans le creux de sa pogne et il fit : « Toi, tu seras toujours ma préférée ! » et il la piqua dans sa cravate. Mais en gaffant le martin-pêcheur qu’il venait de goupiller, il se fit : « Ah ! quel oubli allais-je commettre ? Où ai-je donc le cervelet aujourd’hui ? Il est vrai que je suis un chouïa surmené. Pour un peu ce pauvre martin-pêcheur aurait rien eu à se claquer derrière le plastron, car j’avais pas pensé à inventer les pescales.» Et à la broquille même, des tonnes et des tonnes de pescales les plus variés enflèrent le cours des rivières et firent monter le niveau de la grande salée de 12 mètres fifty. Heureusement que la baleine faisait contre-poids. Et tout ce petit monde se marrait dans la flotte en s’ébattant de la nageoire et de la queue. L’épinoche taquinait le goujon en lui agaçant la dossière à petits coups de son baigneur pointu. L’homard souhaitait la fête à la langouste en y offrant un bouquet de cre- vettes. La moule s’entrouvrait tendre et lascive en faisant bâiller l’huître qui y offrait une perlouze. Le marsouin plutôt ramé de sauter par dessus les vagues se reposait les fumerons en s’allongeant sur un banc de harengs. Le requin se tapait tout le caviar et ça mettait l’esturgeonne à ressaut, et sous le chasse plutôt vachard du maquereau bleu d’azur la morue aguichait les sprats en jouant de la boucle. – « Prenez bien garde au loup grillé ! » bonnissait la carpe à ses carpillons pendant que l’anguille 4 texte original par Miche Bonjour plutôt coquinasse se glissait sous les jupons de la méduse. Le poisson-chat harpignait le rat d’eau et le brochet s’ouvrait une douzaine de clams avec son porte-pipe en forme de rapière. Du coup, le martin-pêcheur se régalait tellement les amygdales que le Vénéré Daron craignit beaucoup pour le gésier de ce si charmant volatile aquatique, et c’est alors qu’il goupilla le cor- moran, le goéland, la mouette, le courlis, le pique-écailles, l’aigrette croque-ouïes et le pintadon sardinier. Le Vénéré Daron, pas mécontent du tout de son bisenesse, jacta à tout ce petit monde humide qui s’ébattait dans la saumure : « Trêpe sous-marin à queue ondulante et à lard nacré, je t’ai créé pour multiplier. Multipliez donc lamproies et ablettes, dauphins et pieuvres, frais gardons et sols-meunières gardiennes du grenier nautique, daurades et berniques, saumons et alligators, truites et hippocampes, oursins et phoques ! multipliez, désormais j’veux d’la friture à chaque casse-graine. » Et ce fut la cinquième journaille. Au mataguin de la sixième journaille, le Vénéré Daron, eut envie de faire une petite belotte, mais comme il y manquait un partenaire, il créa le mironton à son image. Une fois qu’il eut dépoté les bestioles les plus variées sur la Terre, le vénéré Daron se prit la tirelire dans ses deux demi-livre de viande et se mit à réfléchir longuement : « Tout ça c’est très gentil, se confia-t-il à sa pomme, tous ces bestiaux font bien leur boulo, le ver file, l’aragne tisse, le moustique pique à la machine, le zèbre court, la jument marche au gazogène, le gallinier règle son réveil sur celui du moulana, la vache vient d’inventer le biberon, le renard bluffe le corbeau qui lache son frometon. Mais ils sont tout de même un peu bille en tranches ; ils pensent qu’à croquer et manquent de discrétion pendant la partie de bordelaise. Y’en a-t-il un, j’te l’demande, qui saurait déchiffrer une sonate sur un clavecin ? Le mouton aurait-il l’idée de tricoter avec sa laine un alpague pour le cador brabançon ? Et la chèvre, de son lait si crémeux, pourrait-elle préparer un de ces frometons de Saint-marcellin qui sont si chouettes à croquer en casse-graine du matin avec une rouille de brouille-ménage couleur rubis ? Le moins nave de tous saurait-il in- venter la cuiller et la fourchette pour tortorer plus proprement ? Le singe, peut-être, et encore... et puis il est trop tarte, il sera jamais reçu dans les salons ! Non, des clous. Il me faut quéqu’un de supérieur pour conduire ces inférieurs. Quéqu’un d’intelligent, d’intelligent comme ma poire. Un mironton, quoi ! Un mironton à mon image qui saura m’débagouler des poèmes pendant les longs hivernages, ou qui me mijotera des grenouilles provençales, ou du lièvre à la royale ! Allez Toto, va pour le mironton ! Exécution ! » Pour le Vénéré Daron, qui de ses fourchettes éternelles avait déjà modelé la Terre, ce fut une rigolade que de sculpter le Mironton. Il s’accroupit près d’un talus, racla un peu de poussière, crachotta dessus, y ajouta une pincée de terre glaise, malaxa le tout en refilant encore un doigt de crachouille, roula sur son cuissot, ajouta deux noisettes et un oignon, fila un caillou avec du gazon dans le haut de la statuette et la coucha sur l’herbette pour mieux y souffler la vie dans le tarin. Il s’époumona et se dilatant la temporale, comme si il avait voulu éteindre le moulana, il joua untel air de trombone dans le tarbouif au mironton que le Mironton laissa échapper une louise tout en lâchant un fil dont la trajectoire dorée se découpait avec art sur l’azur du ciel. 5 texte original par Miche Bonjour « Victoire, il vit ! » bonnit le Vénéré Daron qui saisit le Mironton dans ses brandillons et alla le déposer en Eden, un merveilleux royaume qu’il venait de gratiner spécialement pour le Prince. Puis la noille étant venue, le Vénéré Daron, ramé par tant de labeur, se mit à ronfler sur un pad- dock en cumulus et n’ouvrit les chasses que quand le moulana lui eut déjà tiédi les abatis. « Tiens, fit-il, mais aujourd’hui c’est dimanche. On gratte pas. J’vas aller m’détendre les flûtes sous un saule, puis j’irai pêchecailler une petite poêlée d’anchois ! » Et comme il se sentait tout heureux, il se mit à pousser la célèbre goualante que Dante a traduite plus tard en langue ritale : uand on a boulonné Pendant six grands jourdés On s’sent vraiment du pot De faire un p’tit dodo ! Et ce fut la septième journaille. c