Message final de Charlotte Whisper

Coucou ! J’ai terminé ma lecture dimanche, mais comme j’avais beaucoup-beaucoup à dire sur ton histoire, j’ai attendu lundi pour profiter du « commenter donne des ailes » J’ai beaucoup aimé ton histoire. Le trope friends_to_lovers est efficace, mais surtout gros-gros coup de cœur pour Gudule. Il est trop choupi ! On a envie de le voir et de l’entendre plutôt que le lire. C’est un vrai atout pour cette histoire d’ailleurs. La façon dont c’est amené au début est bien trouvée, même si la couverture vend un peu la mèche. Je penses qu’il serait intéressant, si tu ressors cette histoire plus tard, de « noyer le poisson » comme on dit en gardant un cochon pour la couv mais en faisant une référence dans le texte, je ne sais pas moi si ton héroïne s’appelle Ambre Boucher, ou si sa dernière affaire défendue était un anti-spéciste qui avait vandalisé une boutique de charcutier-traiteur, un truc à la fois drôle et déroutant, qui pourrait faire douter de l’espèce animale de Gudule. Le contraste entre la présence du porcelet et les gros bourgeois est très amusant aussi. On l’imagine bien la gueule de moche-maman (ça aussi ça m’a fait beaucoup rire la moche-mère) quand elle voit Gudule la 1er fois.

Comme je suis de la team vulgarité, mes vannes préférées étaient celles sur les balais de les fesses. Je suis partisane pour qu’il y en ait un peu plus. De manière globale, ton texte a un potentiel humoristique énorme, et plusieurs fois j’ai regretté que tu n’utilises pas les perches que tu places toi-même dans ton texte, genre la blague grossophobe sur la tante peut être mieux exploitée (et je le signale aussi : je suis obèse, pour autant les blagues sur les gros ne me dérangent pas, bien au contraire ! Ton perso peut être odieux c’est pas un souci, c’est ce qui la rend crédible, même si t’auras toujours des gens pour venir râler que c’est pas gentil.) Un conseil d’écriture général : aère ton texte, fais pas des blocs comme ça. Il faut sauter des lignes entre les dialogues et les passages narratifs ou mieux séparer les paragraphes, c’est plus agréable l’œil et ça fluidifie la lecture.

Pour moi les trois premiers chapitres sont OK dans les grandes lignes, même s’il faudrait optimiser la structure, mais le quatrième casse complètement le rythme. Je vois bien qu’effectivement c’est l’exercice de la nouvelle qui a été déroutant. Soit c’est trop court (on sent que tu étais partie sur une idée de novella ou de roman), soit c’est mal construit pour une nouvelle, parce que tu mets trop d’éléments que tu n’exploites pas. Ce qui ne va clairement pas dans cette histoire en cinq temps, c’est le fait que tu amènes deux éléments majeurs pour l’histoire (= idées principales) dans le chapitre 3 que sont le soir au restaurant et la nuit qu’ils vont devoir passer dans le même lit, et tu les balayes d’un revers de main au chapitre 4. Je m’attendais à ce que tu développes ces deux scène et non, tu zappes complètement et tu nous donnes à la place un Elias avec une casquette de médiateur du Patrimoine de la ville de Pau. Tu n’imagines pas à quel point je me suis sentie tristesse et désolation ! 😭😭😭 Je voulais de la tension amoureuse ! Du spicy ! Du dilemme moral toute la nuit : « est-ce que je peux, c’est mon collègue BG, mais il y a Antoine. On n’a pas encore rompu. Que dois-je faire ? En plus si je sors avec lui, je vais devoir supporter la moche-mère. » Indépendamment des choix scénaristiques, dans une nouvelle, du moins dans une nouvelle qui parle de romance (ce serait différent avec de la SF ou de la Fantasy par exemple), il faut éviter les gros pavés narratifs comme le chapitre 4 qui cassent le rythme. Il faut toujours alterner avec les dialogues, en mode punch-lines de préférence. Ou si tu fais du contemplatif, il faut le mettre au tout début ou à la toute fin, comme conclusion.

Mais le problème majeur à mon sens c’est d’avoir mis trop d’éléments comme si tu faisais un brouillon/synopsis de roman, au lieu de concentrer le propos. Il faut faire simple pour une nouvelle, vraiment très simple. Limite une rédaction de collégien. Ici, je pense qu’il faut garder Gudule (+ papy Arthus parce qu’il faut bien un garde-cochon), Elias le tombeur, moche-maman et Antoine. (Ce n’est que ma vision de la recette, c’est pas un absolu : je donne juste un exemple technique.) Tout le reste, il faut le dégager. Trop de personnages, trop d’événements et pas assez de temps pour travailler un passé complet (genre Babou, c’est triste mais ça n’a pas sa place dans une nouvelle). On s’en fout aussi des problèmes d’Elias avec sa famille, en particulier son frère et son ex (ça m’a fait buguer parce que l’idée est intéressante mais je n’étais pas certaine d’avoir compris qui est qui et qui a fait quoi), surtout l’histoire de la grossesse non désirée à la fin, ça fait vraiment rajout inutile, c’est « trop » pour une nouvelle.

Le cas Antoine est à part. Il est important pour l’intrigue, mais il faut recentrer le propos. Il y a des éléments un peu contradictoires et surtout qui ne s’enchainent pas bien. Au début, elle dit mon presque futur ex ou une formule du genre, on comprend que ça ne va pas entre eux, on ne sait pas pourquoi. Cool, un mystère ! On veut savoir ce qui s'est passé ! Elias direct l’appelle « l’autre con », elle ne le reprend même pas. Ça, ça m’a choqué par contre. C’est son mec quand même. Elle devrait lui demander de modérer son propos, ou révéler à ce moment là un indice sur pourquoi elle commence à être d’accord avec Elias. On apprend qu’ils sont ensemble depuis 8 ans, putain c’est méga long (et là encore : elle n’a pas pris la peine de le défendre ?). Même en couple avec un connard dégénéré, on ne peut pas tirer un trait sur 8 ans de vie commune aussi facilement. Surtout qu’ils sont tous collègues, c’est chaud… D’ailleurs, je me demande comment elle a fait pour découvrir qu’il couchait avec la stagiaire alors qu’Elias lui n’a rien vu, ça aurait pu être un bon axe à développer ici. Généralement les premiers au courant sont les collègues, la compagne ou le compagnon l’est en dernier (et c’est du vécu : mon chef a eu une maitresse au boulot, tout le monde était au courant, tout le monde devait fermer sa gueule et baisser les yeux, ne rien dire à sa femme. Ô comme c’était sain… bref) J’ai trouvé qu’il y avait un excellent enjeu narratif sur Antoine, mais il souffre du raccourcissement du scénario. Le fil n’est pas clair. Je pense qu’il faudrait faire un choix dans le cadre de la nouvelle : peut-être qu’Ambre a deviné quelque chose mais n’a pas de preuve, et Elias fait une gaffe à un moment de confidence. Ça permettrait de justifier son pétage de câble téléphonique ET de rajouter un enjeu amoureux entre Ambre et Elias : oui, il est amoureux d’elle, il a la bombe parfaite pour casser son couple (Antoine s’enfile la stagiaire), mais il ne sait pas comment amener la chose. Une maladresse dans le dialogue, oups, Ambre peut prendre ça comme une trahison de la part d’Elias (il savait et n’a rien dit) et lui ça lui donne l’occasion d’avouer ses sentiments.

Roh je te remercie pour ce commentaire qui me fait trèèèèssss plaisir. Je suis ravie que tu aies passé un bon moment avec mes personnages pour ce week-end à la campagne ;) Je ne te cache pas que j'ai commencé à écrire une histoire bien plus longue mais toujours sur le même ton (Je compte y développer les traits d'humour caustiques un peu plus). Pour la présentation, tout comme pour certains elements de narration, j'ai dû condenser pour réussir à tout faire tenir dans la limite des 7k caractères et c'est vrai qu'un niveau présentation ça fait un gros bloc ;( Mais en tous les cas, vraiment un grand merci pour ce retour qui me permettra d'améliorer mon histoire ;)

En vrac pour finir : c’est peut-être moi qui ait zappé parce que je n’ai pas arrêté d’être coupée dans ma lecture durant tout le week-end 😑, mais je n’ai pas compris d’où venait le « maya la butineuse ». Pareil pour le « nounours ». La fin m’a laissé un goût un peu amer. On a pas mal de sympathie pour Ambre et Elias au début, ils font vrais, humains. Les blagues odieuses d’Ambre m’ont fait rire au début, surtout vu comment elle stresse pour ce faux couple, mais à la fin (les deux derniers chapitres), ça fait vraiment « je méprise les gros bourgeois » sauf que c'est gratuit. On n’a pas le temps de détester les De Warren en 5 chapitres. On a juste une meuf qui insulte la famille du mec avec qui elle va se mettre en couple. Comme point de départ d’une histoire d’amour, c’est vraiment pas terrible du tout. La succession des éléments sans pertinence pour la nouvelle n’aide pas. Au final, on doit croire Ambre et Elias sur parole quand ils disent détester X ou Y, c’est quelque chose que je n’apprécie pas, ni en littérature et encore moins dans le monde réel. Au nom de quoi on devrait écouter l’opinion d’une personne et s’y plier ? C’est à moi de décider si X ou Y est un connard (une connasse). J’ai encore ma liberté de penser. C’est pour ça qu’il ne faut insulter que les personnages que nous, les lecteurs, on peut juger, typiquement la belle-mère et Antoine (tellement charmant au téléphone le gars 😱) eux on comprend parfaitement d’où viennent les ressentis d’Ambre et Elias à leur encontre.

En résumé, je trouve que c’est une super histoire mais la fin m’a beaucoup déçue (enfin les chapitres 4 et 5 m’ont déçue). Je ne sais pas sous quel format je préfèrerais la retrouver plus tard : une vraie nouvelle optimisée ? Ou un roman complet ? J’ai bien compris que tu avais une idée de roman sous le coude, mais je t’avoue que j’ai bien aimé ce concept pour une nouvelle. Je trouve la formule bien adapté. Je pense qu’il y a largement moyen d’utiliser cette idée de la fausse fiancée avec son cochon de compagnie en juste cinq chapitres et d’en faire une pépite de nouvelle new romance. D’ailleurs, en dehors de l’aspect chronophage, l’un n’empêche pas l’autre. Réécrire une version 2.0 de cette nouvelle pour un nouvel appel à texte et poster sa version longue en roman.😉

Si ça se trouve il a un chien loup tatoué sur l'omoplate, coup de folie de jeunesse après avoir pris une.cuite 😛

va savoir 😋